Les Kanji, Hiragana et Katakana au Japon : Histoire et Différences
- leilatokyotrip
- May 11
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Le système d’écriture japonais est unique au monde par sa complexité, intégrant trois alphabets distincts : les kanji, les hiragana et les katakana. Chacun joue un rôle spécifique dans la langue, et leur origine remonte à des siècles de développement culturel et linguistique.
L’histoire des Kanji
Les kanji sont les caractères chinois utilisés dans l’écriture japonaise. Leur histoire remonte au 5e siècle, lorsqu’ils ont été introduits au Japon à travers les échanges culturels avec la Chine. À cette époque, le Japon n’avait pas de système d’écriture propre. Les kanji ont donc été adoptés pour transcrire la langue japonaise, mais cela n’était pas sans difficulté, car le japonais et le chinois sont deux langues très différentes en termes de structure grammaticale.
Les kanji sont des caractères logographiques, c’est-à-dire que chaque caractère représente un concept ou un mot entier plutôt qu’un simple son. Par exemple, le kanji 山 signifie « montagne » et se prononce "yama". En raison de la nature complexe de cette écriture, les kanji peuvent avoir plusieurs lectures : la lecture on-yomi (lecture sino-japonaise) et la lecture kun-yomi (lecture japonaise). La lecture on-yomi est basée sur la prononciation chinoise du caractère, tandis que la lecture kun-yomi est la traduction du mot en japonais.
Au fil du temps, les kanji ont été utilisés pour former des mots composés en japonais, et de nombreux caractères ont acquis des significations spécifiques à la culture japonaise. Aujourd’hui, environ 2 000 kanji sont couramment utilisés, bien que l'ensemble complet en compte plus de 50 000. Le gouvernement japonais a établi une liste officielle, appelée Jōyō Kanji, qui recense les caractères nécessaires pour lire des journaux, des livres et d'autres textes de la vie quotidienne.
L’origine des Hiragana
Les hiragana constituent l’un des deux syllabaires japonais, et leur création est intimement liée à l’histoire des kanji. Aux alentours du 9e siècle, pendant la période Heian (794-1185), les élites japonaises ont cherché à simplifier l’écriture complexe des kanji, en particulier pour les femmes, qui n’étaient pas autorisées à utiliser officiellement les kanji dans les textes littéraires. Cela a donné naissance aux hiragana, un ensemble de caractères plus simples et arrondis dérivés de certains kanji.

Les hiragana représentent des sons syllabiques, c’est-à-dire que chaque caractère correspond à une syllabe spécifique. Par exemple, あ (a), い (i), う (u), え (e), et お (o) sont les cinq voyelles de base en hiragana. Les hiragana permettent d’écrire des mots pour lesquels il n’existe pas de kanji approprié, ainsi que des particules grammaticales telles que の (no), が (ga), et は (wa).
Le hiragana est couramment utilisé dans les textes japonais modernes pour les éléments grammaticaux, les particules, les verbes et adjectifs conjugués. Il joue un rôle essentiel dans l’écriture du japonais en rendant la langue accessible à tous les niveaux de lecteurs, car les kanji seuls seraient trop complexes pour exprimer les nuances grammaticales et phonétiques de la langue.
L’histoire du Katakana
Le katakana, comme le hiragana, est un syllabaire, mais il a une histoire légèrement différente. Il a également été développé à partir des kanji, mais plutôt dans un contexte religieux et académique.
Pendant la période Nara (710-794), les moines bouddhistes utilisaient les katakana comme un système de notes phonétiques pour annoter des textes chinois. Chaque symbole katakana est basé sur une partie d’un kanji existant, ce qui explique pourquoi les caractères katakana sont souvent plus anguleux et rigides que les hiragana.

Le katakana est principalement utilisé pour écrire des mots d’emprunt étrangers (appelés gairaigo), les noms de sociétés ou de produits étrangers, ainsi que les onomatopées et les mots techniques. Par exemple, le mot « télévision » est écrit テレビ (terebi) en katakana, et le mot « café » s’écrit カフェ (kafe). Le katakana est également utilisé pour les noms d’animaux et les mots scientifiques.
Alors que les hiragana ont un usage plus général et quotidien, le katakana est réservé à des contextes spécifiques. Ce syllabaire est aussi souvent utilisé pour donner un effet visuel moderne ou technologique dans des œuvres de fiction ou des publicités.
Différences et complémentarité des systèmes d’écriture
Bien que les kanji, hiragana, et katakana aient des origines différentes et des usages distincts, ils sont souvent utilisés ensemble dans les textes japonais. Cette complémentarité donne au système d’écriture japonais une richesse unique, où chaque élément remplit un rôle spécifique.
Les Kanji : utilisés pour les noms, les racines des verbes et des adjectifs, et de nombreux mots de base. Ils apportent une grande précision dans la signification des mots, car chaque kanji porte un sens intrinsèque.
Les Hiragana : utilisés pour les particules, les terminaisons des verbes et adjectifs, et les mots pour lesquels il n’y a pas de kanji approprié. Les hiragana rendent l’écriture fluide et permettent de connecter les kanji entre eux dans les phrases.
Les Katakana : utilisés pour les emprunts linguistiques, les noms étrangers, les onomatopées et les termes techniques. Le katakana est aussi parfois utilisé pour mettre en valeur un mot, un peu comme l’italique en français.
Exemple d'une phrase combinant les trois systèmes d’écriture :
「私はテニスが好きです。」 (Watashi wa tenisu ga suki desu.) Traduction : "J'aime le tennis."
Dans cette phrase, 私 (watashi) est en kanji, は (wa), が (ga), です (desu) sont en hiragana, et テニス (tenisu) est en katakana, car il s’agit d’un mot emprunté de l’anglais (tennis).
L’apprentissage des trois systèmes
Apprendre à maîtriser les kanji, hiragana, et katakana est un processus long et exigeant. La plupart des Japonais commencent à apprendre les hiragana et katakana dès la maternelle et continuent leur apprentissage des kanji tout au long de leur scolarité. Les enfants apprennent d’abord les kanji les plus simples, puis passent à des caractères plus complexes à mesure qu’ils grandissent. Le gouvernement japonais recommande de connaître environ 1 000 kanji à la fin du primaire et 2 000 à la fin du lycée.
Pour les étrangers, l’apprentissage des hiragana et katakana est souvent la première étape pour lire et écrire en japonais. Ces deux syllabaires sont relativement faciles à apprendre, car ils contiennent chacun seulement 46 caractères de base. En revanche, l’apprentissage des kanji peut prendre des années en raison du grand nombre de caractères et de leurs multiples lectures.
Le rôle des systèmes d’écriture dans la culture japonaise
Les kanji, hiragana, et katakana sont bien plus que des systèmes d’écriture. Ils sont profondément ancrés dans l’histoire, la culture et la pensée japonaises. Les kanji, en particulier, sont souvent utilisés dans l’art de la calligraphie (shodō), où leur beauté visuelle et leur signification symbolique sont mises en valeur.
Les kanji jouent également un rôle dans les rituels et les pratiques religieuses, comme lors de la sélection des noms de temple ou des amulettes. De plus, l’utilisation des trois systèmes d’écriture dans les médias, la littérature, et même les publicités montre leur impact omniprésent dans la vie quotidienne japonaise.
Conclusion
Le système d’écriture japonais, composé des kanji, des hiragana, et des katakana, est un reflet fascinant de l’histoire et de la culture du Japon. Bien qu’ils aient des origines et des fonctions différentes, ces trois alphabets coexistent harmonieusement, offrant au japonais une flexibilité linguistique et une richesse culturelle inégalées. Pour les apprenants, comprendre ces différences est une clé essentielle pour pénétrer l’univers unique de la langue japonaise.